alt30 NOVEMBRE 2011 ¦ GENEVA -- Les progrès accomplis à l’échelle mondiale dans la prévention et le traitement de l’infection à VIH montrent bien qu’à long terme, il est judicieux de maintenir les investissements en faveur de la lutte contre le VIH/sida. D’après le dernier rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’UNICEF et l’ONUSIDA, intitulé Report on the Global HIV/AIDS Response [un résumé est disponible en français, sous le titre La riposte mondiale au VIH/sida], l’accès accru aux services relatifs au VIH a entraîné une baisse de 15 % du nombre de nouvelles infections au cours de la dernière décennie et une baisse de 22 % des décès liés au sida ces cinq dernières années.

« Il a fallu dix ans pour parvenir à ce rythme au niveau mondial », a dit le Dr Gottfried Hirnschall, Directeur du Département VIH/sida de l’OMS. « Il est désormais réellement possible de prendre le dessus sur l’épidémie mais on n’y parviendra qu’en maintenant notre élan et en accélérant le mouvement ces dix prochaines années et par la suite », a-t-il ajouté.

Les avancées scientifiques concernant le VIH et les innovations programmatiques de l’année écoulée permettent d’espérer que les progrès vont se poursuivre. Dans un climat d’austérité économique, il sera essentiel d’appliquer rapidement de nouvelles données de la science, de nouvelles technologies et de nouvelles approches pour améliorer l’efficience et l’efficacité  des programmes de lutte contre le VIH dans les pays.

Le rapport met l’accent sur les succès remportés :

Quand les gens sont en meilleure santé, ils ont moins de problèmes financiers. Le rapport admet qu’investir dans les services relatifs au VIH pourrait entraîner un gain total allant jusqu’à US $34 milliards d’ici 2020, grâce à une augmentation de l’activité économique et de la productivité qui compenserait largement le coût des programmes de traitement antirétroviral.

D’après Paul De Lay, Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA, « l’année 2011 a marqué un tournant. Grâce aux nouvelles avancées scientifiques, à un leadership politique sans précédent et à la poursuite des progrès dans la riposte au sida, les pays ont la possibilité de passer à la vitesse supérieure ». « En investissant à bon escient, les pays peuvent agir plus efficacement, réduire les coûts et obtenir de meilleurs résultats. Cependant, la baisse des ressources risque d’entraîner une régression », a-t-il ajouté.

Le rapport signale aussi ce qu’il reste à faire :

Actuellement, au niveau mondial, l’immense majorité (64 %) des 15-24 ans vivant avec le VIH sont des femmes. Cette proportion est encore plus élevée en Afrique subsaharienne, où 71 % des jeunes vivant avec le VIH sont de sexe féminin – essentiellement car elles ne bénéficient pas des stratégies de prévention.

D’importantes populations restent marginalisées. En Europe orientale et en Asie centrale, plus de 60 % des personnes qui vivent avec le VIH sont des consommateurs de drogues injectables, mais seulement 22 % d’entre elles bénéficient d’un traitement antirétroviral.

Bien que l’amélioration des services de prévention de la transmission mère‑enfant du VIH ait permis d’éviter 350 000 nouvelles infections environ chez l’enfant, quelque 3,4 millions d’enfants vivent avec le VIH – et beaucoup d’entre eux ne bénéficient d’aucun traitement. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, un seul enfant sur quatre qui en avaient besoin, contre un adulte sur deux, a reçu un traitement contre le VIH en 2010.

« Si la situation concernant le traitement, les soins et le soutien dont bénéficient les adultes s’est améliorée, nous remarquons que les progrès sont plus lents pour les enfants », dit Leila Pakkala, Directeur du Bureau de l’UNICEF à Genève. « Il est très inquiétant de constater que la couverture par les interventions contre l’infection à VIH pour les enfants est très faible. Par le biais d’une action concertée et de stratégies axées sur l’équité, nous devons faire en sorte que les efforts déployés à l’échelle mondiale bénéficient autant aux enfants qu’aux adultes ».

Le VIH dans les régions et dans les pays

En 2010, l’épidémie de VIH et la riposte dans les différentes régions du monde ont varié en fonction de l’évolution des tendances, du rythme de progression et des résultats obtenus.

En Afrique subsaharienne, on a enregistré la plus forte augmentation annuelle globale – 30 % – du nombre de personnes bénéficiant d’un traitement antirétroviral. Trois pays (le Botswana, la Namibe et le Rwanda) sont parvenus à une couverture universelle (80 %) par les services de prévention, de traitement et de prise en charge de l’infection à VIH. Le taux de couverture par les traitements antirétroviraux dans la région était de 39 % fin 2010. Environ 50 % des femmes enceintes qui vivent avec le VIH reçoivent un traitement pour prévenir la transmission mère-enfant, et 21 % des enfants qui en ont besoin peuvent bénéficier de traitements pédiatriques contre le VIH. On a recensé 1,9 million de nouvelles infections dans la région, où 22,9 millions de personnes vivent avec le VIH. Les progrès sont extrêmement variables d’une zone à l’autre de la région. Dans les pays d’Afrique de l’est et d’Afrique australe les taux de couverture atteints pour les traitements antirétroviraux (56 %) et de la PTME (64 %) sont bien plus élevés  que dans les pays d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale (30 % et 18 % respectivement).

En Asie, l’épidémie se stabilise dans l’ensemble mais les nouvelles infections sont très nombreuses dans certaines communautés. Près de la moitié (49 %) des 4,8 millions de personnes qui vivent avec le VIH en Asie habitent en Inde. La couverture par les antirétroviraux augmente, et 39 % des adultes et des enfants qui en ont besoin y ont désormais accès. La couverture par les services de PTME est relativement faible (16 %).

En Europe orientale et en Asie centrale, l’infection à VIH explose. Le nombre de nouveaux cas a augmenté de 250 % au cours des dix dernières années et plus de 90 % de ces infections surviennent dans deux pays seulement : la Fédération de Russie et l’Ukraine. Dans la région, les taux de couverture par la PTME et les traitements pédiatriques de l’infection à VIH sont élevés (78 % et 65 % respectivement). Cependant, la couverture par les antirétroviraux n’est que de 23 %, en particulier dans la population la plus touchée : les consommateurs de drogues injectables.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, on a enregistré en 2010 un record historique d’infections à VIH (59 000), qui représente une augmentation de 36 % par rapport à l’année précédente. Les taux de couverture sont très faibles dans la région : 10 % pour les antirétroviraux, 5 % pour les traitements pédiatriques et 4 % pour la PTME.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, l’épidémie se stabilise : on compte 1,5 million de personnes vivant avec le VIH en Amérique latine et 200 000 dans les Caraïbes. En Amérique latine, le VIH est surtout présent dans les réseaux d’hommes ayant des relations homosexuelles alors que dans les Caraïbes, les plus touchées sont les femmes, qui représentent 53 % des personnes vivant avec le VIH. Dans la région, la couverture par les antirétroviraux est de 63 % pour les adultes et de 39 % pour les enfants. La couverture par un traitement permettant de prévenir efficacement la transmission mère-enfant est relativement élevée (74 %).

Maintien de la riposte au VIH au cours des dix prochaines années

Le rapport 2011 sur la riposte mondiale au VIH/sida porte à la fois sur l’épidémiologie et sur le rythme de progression de l’accès aux services relatifs au VIH aux niveaux mondial, régional et national. Il a été établi conjointement par l’OMS, l’UNICEF et l’ONUSIDA, en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux.

Le texte intégral du rapport est disponible, en anglais, à l’adresse suivante : http://www.who.int/hiv/pub/progress_report2011/.