| 23 Octobre 2013
Les progrès de la lutte antituberculeuse pourraient être considérablement accélérés si ces difficultés étaient surmontées
Les nouvelles données confirment que nous sommes en bonne voie pour  atteindre deux cibles des objectifs du Millénaire pour le développement  (OMD) consistant, d’ici 2015, à inverser la tendance concernant  l’incidence de la tuberculose, et à réduire de 50 % le taux de mortalité  (par rapport à 1990). Un supplément spécial (Countdown to 2015)  vient compléter le rapport de cette année ; il fournit des informations  complètes sur les progrès par rapport aux cibles internationales fixées  en matière de tuberculose et indique précisément si le monde et les  pays à forte charge de tuberculose sont ou non en bonne voie pour  atteindre les cibles et ce qui peut être fait rapidement pour accélérer  leur réalisation à mesure que la date limite de 2015 approche.
 
 Principales difficultés
 Le rapport souligne la nécessité de progrès décisifs en matière de soins  et de lutte antituberculeux, progrès qui ne pourront être accomplis que  si l’on parvient à surmonter deux difficultés majeures, à savoir :
Le manque de ressources pour la lutte antituberculeuse est au cœur de  ces deux problèmes. Les programmes antituberculeux n’ont pas les moyens  de dépister et de traiter les personnes « difficiles à atteindre »,  souvent en dehors du système de santé public ou formel. La faiblesse des  maillons de la chaîne antituberculeuse (qui comprend le dépistage, le  traitement et les soins) fait que certaines personnes échappent au  système.
 Selon le Dr Mario Raviglione, Directeur du Programme mondial de lutte  antituberculeuse à l’OMS, « Les soins antituberculeux de qualité  dispensés à des millions de personnes dans le monde ont permis de faire  considérablement diminuer le nombre de décès dus à la maladie ». « Mais  beaucoup de gens échappent encore aux soins et souffrent. Ils ne sont  pas diagnostiqués ou ne sont pas traités, ou l’on manque d’informations  sur la qualité des soins qu’ils reçoivent. » L’OMS estime que 75 % des  trois millions de cas qui échappent ainsi aux activités de lutte sont  concentrés dans 12 pays.
 Quant à la deuxième difficulté, d’après le Rapport, elle n’est pas  seulement due au fait que les maillons de la chaîne de la tuberculose  multirésistante sont faibles mais au fait qu’ils sont tout simplement  inexistants.
 
 L’OMS estime que rien qu’en 2012, 450 000 personnes ont été atteintes de  tuberculose multirésistante. La Chine, l’Inde et la Fédération de  Russie sont les pays à plus forte charge de tuberculose MR, suivies par  24 autres pays.
 Tandis que le nombre de personnes dépistées dans le monde grâce aux  tests de diagnostic rapide a augmenté de plus de 40 %, pour atteindre 94  000 en 2012, trois cas de tuberculose MR sur quatre ne sont toujours  pas diagnostiqués. Plus inquiétant encore, près de 16 000 cas de  tuberculose MR notifiés à l’OMS en 2012 n’avaient pas été traités, la  longueur des listes d’attente constituant un problème croissant. En  outre, de nombreux pays n’obtiennent pas des taux de guérison élevés en  raison d’un manque de capacité des services et de la pénurie de  personnels de santé.
 « La demande non satisfaite d’interventions de qualité et de l’ampleur  voulue face à la tuberculose multirésistante constitue un réel problème  de santé publique » estime le Dr Raviglione. Il est inacceptable qu’un  accès accru au diagnostic n’aille pas de pair avec un accès accru au  traitement de la tuberculose MR. Nous diagnostiquons les cas mais nous  n’avons pas suffisamment de médicaments ou de personnel qualifié pour  traiter les malades. Nous avons alerté au sujet du problème de la  résistance aux antimicrobiens ; le moment d’agir pour stopper la  tuberculose multirésistante est maintenant venu. »
 
 Une autre difficulté a trait à la co-infection tuberculose-VIH. Si l’on a  observé des progrès importants depuis dix ans dans l’extension du  traitement antirétroviral pour les patients tuberculeux vivant avec le  VIH, moins de 60 % étaient placés sous antirétroviraux en 2012. Cette  situation doit absolument être améliorée, conclut le rapport.
 
 Cinq mesures prioritaires
 Le rapport de l’OMS recommande cinq mesures prioritaires qui pourraient apporter un changement rapide d’ici 2015 :
 1.         Atteindre les trois millions de malades de la tuberculose qui échappent encore aux systèmes de notification nationaux en élargissant l’accès à des  services de dépistage et de traitement de qualité dans tous les cadres  médicalisés, publics, privés ou communautaires, y compris les hôpitaux  et les ONG qui desservent d’importants pourcentages de populations  exposées.
 2.         S’attaquer d’urgence à la crise de la tuberculose MR – le fait de ne pas dépister et  traiter  tous les malades atteints de  tuberculose MR entraîne des risques pour la santé publique et de graves  conséquences pour les personnes touchées. Un engagement politique de  haut niveau, l’appropriation par tous les partenaires, un financement  suffisant et une coopération accrue sont donc nécessaires pour résorber  les goulets d’étranglement dans l’approvisionnement en médicaments et  développer les capacités de fourniture de soins de qualité.
 3.         Intensifier les activités et exploiter les succès obtenus dans la lutte contre la co‑infection tuberculose-VIH pour  se rapprocher le plus possible d’une couverture complète par le  traitement antirétroviral (TAR) pour les personnes atteintes à la fois  de tuberculose et d’infection à VIH.
 4.         Accroître les financements nationaux et internationaux afin de combler le déficit de ressources – estimé désormais à près de US $2 milliards par an – si l’on veut  intervenir efficacement dans les pays revenu faible ou intermédiaire. Un  réapprovisionnement complet du Fonds mondial est indispensable, étant  donné que la plupart des pays à faible revenu s’en remettent en grande  partie à l’aide de donateurs internationaux, le Fonds mondial consacrant  près de 75 % de ses ressources financières à ces pays.
 5.         Accélérer le recours rapide aux nouveaux outils – grâce au transfert de technologie et à la recherche opérationnelle  pour que les pays et les communautés les plus exposés puissent  bénéficier de ces innovations.
 D’après Osamu Kunii, Chef de la Division Stratégie, investissement et  impact du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le  paludisme, « le Rapport mondial de l’OMS sur la tuberculose met en  lumière les progrès considérables obtenus par la communauté  internationale dans la lutte contre la tuberculose. Nous sommes  maintenant parvenus à un moment crucial où nous ne pouvons pas nous  permettre de laisser s’inverser cette progression. Nous avons besoin  d’un engagement de la communauté internationale pour combler l’important  déficit de financement et pouvoir lutter contre cette maladie. »
 
 Le Rapport repose principalement sur les données fournies par les États  Membres de l’OMS. En 2013, 178 États Membres et au total 197 pays et  territoires, qui représentent collectivement plus de 99 % du nombre  mondial de cas de tuberculose, ont communiqué des données.