altA l’occasion des 12èmes Rencontres de la Fédération Hospitalière Privée qui se déroulent le 6 décembre à Lyon et portent cette année sur le dialogue hospitalier, ASSPRO Scientifique dévoile les résultats d’une enquête sur les facteurs d’épanouissement et de stress des praticiens exerçant en plateau technique lourd, afin de mieux comprendre et prévenir le risque de burnout. 

· Une majorité des praticiens en plateau technique lourd (chirurgiens, anesthésistes, obstétriciens) exercent leur métier avec passion (81,6 %) et sont animés au quotidien (64,8 %) par leur mission de soigner leurs patients.

· Or, dans un contexte de pression professionnelle croissante, près de 30 % de ces praticiens présentent un niveau global de stress supérieur ou égal à 8 sur 10.

· Face au risque de burnout et aux conséquences en termes d’accident opératoire, cette enquête souligne la nécessité de dépister les signes précurseurs du burnout et de développer des solutions susceptibles d’aider les médecins à gérer ce stress afin d’accroître la sécurité au bloc opératoire.

Chaque année, 1,5 millions d’interventions chirurgicales sont réalisées en France. 60 000 à 95 000 événements indésirables graves (EIG) surviendraient dans la période péri opératoire. Si le nombre de procédures reste encore stableCabinet Branchet, le niveau de stress des praticiens exerçant en plateau technique lourd qui tend à s’aggraver, est un signal susceptible d’alerter sur un risque potentiel d’augmentation des accidents.

Afin de mieux identifier, comprendre et prévenir ces accidents, l’association ASSPRO Scientifique dévoile les résultats d’une enquête sur l’évaluation du niveau de stress et de ses principaux indicateurs chez les praticiens de bloc opératoire. 1 204 praticiens en plateau technique lourd (anesthésistes, chirurgiens, chirurgiens orthopédistes, gynécologues obstétriciens) ont répondu à cette enquête. Ces praticiens exerçaient en établissements privés ou publics et leur temps de travail moyen hebdomadaire était supérieur à 60 heures par semaine pour 38 % d’entre eux.

A travers 146 questions, cette enquête a analysé les éléments déclencheurs pouvant aboutir au burnout et le lien avec le nombre de procédures. Les conséquences du burnout peuvent être graves, allant parfois jusqu’au suicide. Il faut en effet savoir que le taux de suicide des chirurgiens est en France deux fois plus élevé (6,3 %) que dans la population générale (3,3 %).

64,8 % des praticiens sont animés par l’aide qu’ils apportent aux patients

Cette enquête révèle que 81,6 % des praticiens en plateau technique lourd exercent avec passion leur métier et sont 70,2 % à retrouver avec plaisir leur équipe. Ils sont également une grande majorité (64,8 %) à être animés par leur mission de soigner leurs patients. Leur niveau de satisfaction vis-à-vis du personnel au bloc opératoire est très élevé ainsi que leurs relations avec le personnel médical et paramédical.

Si près d’un quart des praticiens interrogés a spontanément commenté cette enquête en soulignant leur enthousiasme et leur plaisir à exercer, ils sont en revanche également près d’un quart à mettre en avant la déception et leur pessimisme quant à la pratique de leur métier. 45,7 % déplorent la fatigue accumulée à l’issue d’une série de consultations et 25,2 % déclarent appréhender la charge de travail quotidienne.

Près de 30 % des praticiens exerçant en plateau technique lourd ont un niveau de stress supérieur ou égal à 8 sur 10

L’augmentation des tâches administratives, la pression financière, la notion de productivité (diminution du temps consacré à chaque patient, augmentation du nombre d’heures de travail), l’évolution scientifique et technique permanente sont quelques-unes des causes identifiées de l’augmentation du niveau de stress.

Ce stress se manifeste par une grande fatigue, un sommeil perturbé, des céphalées ou des douleurs rachidiennes. Près de la moitié des praticiens déclaraient continuer à revivre des moments difficiles après la fin de leur journée de travail et 30 % des praticiens évaluaient leur niveau de stress à 8 sur une échelle de 10. Ce niveau de stress élevé peut aboutir à un burnout. Chez les praticiens travaillant plus de 80 heures par semaine, le niveau de burnout atteint alors 40 %.

Les conséquences de ce stress peuvent être dangereuses tant pour le praticien que pour le patient. Elles peuvent bien sûr amplifier le phénomène de désertification médicale. Mais surtout, le burnout est « contagieux ». Un seul membre d’une équipe peu à lui tout seul « contaminer » l’ensemble de l’équipe. C’est pourquoi il est important de s’attarder sur le travail d’équipe, qui joue un rôle primordial dans le bien-être des praticiens et la réduction du niveau de stress.

Un travail collaboratif comme prévention du burnout et du risque opératoire

Afin d’améliorer la sécurité des actes chirurgicaux, l’OMS a proposé en 2008, dans le cadre d’un programme mondial d’amélioration de la sécurité en chirurgiedont l’efficacité a été démontrée pour lutter contre les EIG. La HAS a également récemment rendu obligatoire une check-list visant à partager les informations au sein de l’équipe et à effectuer des vérifications croisées à chaque étape de l’intervention chirurgicale.

Au-delà de ces mesures pratiques, cette enquête ouvre des perspectives complémentaires pour envisager une meilleure gestion par les médecins de ce stress professionnel avec un meilleur dépistage des praticiens en situation de dépression grave, afin qu’ils puissent bénéficier d’un travail thérapeutique personnel. Le partage avec ses pairs paraît également être particulièrement bénéfique pour lutter contre le sentiment de solitude face aux problèmes rencontrés. Réadapter le niveau de travail, envisager une autre gestion du temps, utiliser des techniques corporelles de gestion du stress sont autant de pistes proposées.

« L’ASSPRO scientifique mène aussi une réflexion sur de nouveaux moyens d’accompagnement des praticiens exerçant en plateaux techniques lourds dans la prévention du risque opératoire, en s’inspirant notamment du CRM (Crew Resource Management) qui a fait ses preuves depuis plus de trente ans en sécurisant le secteur aérien. Cette méthode est basée autour de concepts comme la prise en compte de l'erreur humaine, la communication, ou la création de synergies propices à l'amélioration de la qualité du travail, mais aussi des relations interprofessionnelles. L’optimisation de l'ergonomie et de l'environnement de travail de l'équipe permet par exemple de maitriser la sécurité en accroissant la qualité et les compétences non-techniques du personnel hospitalier.» explique Atoine Watrelot, président d’ASSPRO Scientifique.

A propos d’ASSPRO Scientifique :
ASSPRO Scientifique est une société savante transversale dont les missions sont :
§ Informer et communiquer sur les aspects médico-légaux de la chirurgie, de l'anesthésie et de l'obstétrique ainsi que sur la gestion des risques de chacune de ces spécialités.
§ Participer à la réflexion sur la gestion des risques avec tous les acteurs du domaine (praticiens, sociétés savantes, autorités de santé).
ASSPRO Scientifique apporte une aide concrète aux praticiens dans leur exercice, en leur proposant du contenu médico-légal comme par exemple des documents d'information labellisés à destination des patients, des modèles de consentement éclairé, une revue des principaux problèmes médico-légaux par spécialité, ou d’autres informations pertinentes.
ASSPRO Scientifique  est ouverte à l'ensemble des professionnels de santé qui souhaitent s’informer ou participer activement à la gestion des risques

Pour plus d’information consulter le site : http://www.assproscientifique.fr