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 Suite à la publication  le 28 mai du rapport sur la cigarette  électronique demandé par le  Ministère de la Santé, l'AIDUCE,  Association  Indépendante des  Utilisateurs de Cigarette Electronique,  reconnait la pertinence de  l'analyse mais estime que la Ministre n'a pas  tenu compte de son  contenu et dénonce des recommandations sans  fondement scientifique.
Suite à la publication  le 28 mai du rapport sur la cigarette  électronique demandé par le  Ministère de la Santé, l'AIDUCE,  Association  Indépendante des  Utilisateurs de Cigarette Electronique,  reconnait la pertinence de  l'analyse mais estime que la Ministre n'a pas  tenu compte de son  contenu et dénonce des recommandations sans  fondement scientifique.
"Tout    d’abord, L’AIDUCE tient à exprimer sa gratitude au collège d’experts    réunis par l’OFT pour l’avoir invitée à relire, critiquer et commenter    ce document. Nous avons pu parcourir les versions successives de ce    rapport et ne pouvons que saluer la démarche des auteurs, le travail  qui   a été fourni et l’évolution des positions qui sont finalement    exprimées. Un grand nombre de nos retours ont été pris en compte et nous    sommes heureux d’avoir ainsi pu contribuer à une meilleure  information   du public et de nos gouvernants sur la cigarette  électronique.
 
 Nous    nous félicitons en particulier que l’objectivité l’ait finalement    emporté pour démontrer que "l’e-cigarette, bien fabriquée et bien    utilisée est en elle-même un produit qui présente des dangers infiniment    moindres que la cigarette".
 
 Le    rapport souligne que, comparée à la fumée du tabac brûlé, la vapeur    produite par la cigarette électronique se distingue par "l’absence de    cancérogène", "l’absence de monoxyde de carbone" et "l’absence de    particules solides à des taux significatifs".
 
 Nous    nous associons donc aux recommandations du rapport "de ne pas   interdire  en France l’utilisation de l’e-cigarette" et "que l’accès des   fumeurs  aux e-cigarettes ne soit pas freiné". Nous soutenons  également  la  recommandation qui s’ensuit logiquement "que la France  demande   l’abrogation de l’article 18 du projet de directive européenne  sur les   produits du tabac", point essentiel qui n’a manifestement pas  trouvé   d’écho au ministère.
 
 Néanmoins, nous regrettons sincèrement de ne pas avoir été entendus sur différents aspects importants.
 
 
  - La recommandation concernant l’interdiction de vapoter dans les   lieux  publics, alors que le rapport démontre clairement que le risque    sanitaire lié au vapotage passif est quasi nul ("à la limite de la    signification clinique" peut-on lire).
 
 Cette recommandation  semble être motivée par l’idée que le vapotage   mènerait au tabagisme. Or  le rapport précise explicitement qu’"aucune   étude ne peut prouver à ce  jour que l’ecigarette est une source   d’initiation à la dépendance  tabagique".
 
 Nous ne contestons pas le fait qu’il existe effectivement des endroits  où le bon sens indique qu’il ne faut pas vapoter.
 
 Mais  généraliser cette interdiction à tous les lieux publics  obligerait  les  fumeurs qui expérimentent la cigarette électronique de  le faire en   compagnie des autres fumeurs. Ainsi qu’en témoignent de  nombreux   vapoteurs sur leurs forums, l’adoption de la cigarette  électronique peut   être délicate et dans de telles circonstances  beaucoup d’entre eux   abandonneront l’essai.
 
 Car maintes fois le rapport insiste sur le  fait que la pratique de   vapoter n’est pas la même que celle de fumer.  Il y est clairement   expliqué que la cigarette électronique n’est pas un  produit du tabac ;   ainsi la conclusion qu’elle doit être soumise aux  mêmes interdictions   est incohérente.
 
 
  -    La recommandation "de porter à 18 mg/ml la concentration maximale de    nicotine dans les e-liquides" n’est étayée par aucune justification    quantifiée dans le corps du rapport et relève du plus pur arbitraire et    de l’application au pifomètre du principe de précaution.
 
 Le    seul raisonnement identifié est non chiffré et n’est que le reflet de    celui utilisé par l’AFSSAPS (maintenant l’ANSM) quand l’Agence avait    justifié une limite de 20 mg : "Même lorsqu’ils sont limités à 2 % [20    mg/ml], les e-liquides peuvent contenir des quantités de nicotine    susceptibles d’entraîner une exposition cutanée ou orale accidentelle,    avec des effets indésirables graves, notamment chez les enfants."
 
 Il    s’agirait donc de l’effet d’un éventuel mésusage. Et ce, malgré le    fait, précisé ailleurs dans le rapport, qu’"aucun cas d’intoxication    après contact avec un réservoir d’e-liquide ou d’e-cigarette n’a été    rapporté jusqu’à début 2013".
 
 Imposer    une limite pour protéger des risques d’accident comporte, en soi, un    risque car cela suggère qu’en-dessous de cette limite, le risque  serait   absent alors qu’en pratique, il est toujours présent. Après  tout, qu’il   contienne une concentration de 10, 20 ou de 40 mg/ml, un  flacon   d’e-liquide doit toujours être sécurisé et gardé hors de la  portée des   enfants.
 
 Ailleurs dans le rapport, on parle du pouvoir et de l’effet addictif de la nicotine, mais ils ne sont quantifiés nulle part.
 
 D’autres    pays autorisent des taux bien plus élevés que la France et aucun  décès   ou trouble sérieux de la santé n’y ont été signalé. Sur les  forums   d’utilisateurs étrangers, nombreux sont ceux qui témoignent  d’une   transition vers la vapote ayant nécessité des taux bien plus  élevés que   les 20 mg arbitrairement imposés en France à ce jour.  Pourquoi donc   exclure les fumeurs qui ont besoin de liquides plus  dosés en nicotine   pour se libérer du tabac ?
 
 
  -    De même, la recommandation visant à ce que "le volume des flacons de    recharge ne dépasse pas les 30 ml" n’est étayée par aucun argument    sérieux et relève de cette même logique arbitraire.
 
 Elle serait  fondée, elle aussi, sur un éventuel risque de  mésusage que  le rapport  considère "faible si le minimum de précautions  est pris". À  part le fait  que les précautions préconisées sont déjà  observées, il  s’agit là d’un  curieux raisonnement. Comment ce risque,  déjà faible,  pourrait-il être  réduit en multipliant le nombre de  flacons à remplir à  l’usine et à  stocker chez l’utilisateur ? Le  risque, si minime  soit-il, serait au  contraire augmenté, tout comme le  coût pour le  consommateur.
 
 
  -    La création d’une catégorie "produits évoquant le tabac" nous semble    vraisemblablement motivée par la volonté de taxer ces produits et non    par un souci de santé publique. Ce serait peine perdue, car l’AIDUCE    veillera à ce que la France respecte la législation européenne dans le    domaine de la fiscalité indirecte.
 
 
  -    La recommandation que les fabricants "soient dans l’obligation de    déclarer la liste des arômes et ingrédients" va évidemment dans le sens    d’une meilleure information des vapoteurs vis-à-vis des produits  qu’ils   consomment. Cette recommandation devrait toutefois être  reformulée  afin  de préserver le secret industriel de la composition  des liquides :   demande-t-on à Coca-Cola de divulguer sa recette pour  voir sa   commercialisation autorisée ?
 
 
  -    Par ailleurs, nous nous demandons comment les fabricants seront en    mesure « d’apporter les références disponibles sur leur innocuité à    court et long terme en inhalation » étant donné que ces références    n’existent pas, comme le signale à juste titre le rapport.
 
 Nous  présumons que l’utilisation de l’adjectif ‘disponible’  indique que  ces  références devront être fournies au fur et à mesure  de leur   disponibilité, au rythme des publications des recherches et  études que   le rapport sollicite par ailleurs. À défaut, mal  interprétée, cette   exigence conduirait à une interdiction en totale  contradiction avec le   sens du rapport.
 
 
  -    Enfin, si nous approuvons la recommandation "toutes les études    concernant l’efficacité de l’e-cigarette dans l’aide au sevrage    tabagique et l’innocuité de son utilisation à long terme doivent être    encouragées, et être totalement indépendantes des fabricants de ce    produit", nous sommes surpris que cette recommandation vise seulement    l’industrie des cigarettes électroniques et pas celles des produits    pharmaceutiques et du tabac. Ne serait-il pas plus judicieux d’insister    pour que tout financement, quelle qu’en soit l’origine, soit divulgué   en  toute transparence ?
 
 
 En    conclusion, nous reconnaissons l’aspect détaillé et équilibré du    contenu de ce rapport. Se tenant qu’aux faits qu’il présente, on ne peut    que conclure que la cigarette électronique représente une opportunité    unique d’offrir aux fumeurs une alternative infiniment moins nocive  que   le tabac. Nous sommes donc étonnés et déçus de voir que seules   quelques  recommandations des experts vont dans ce sens. Les autres,   citées  ci-dessus, sont en contradiction avec les données et les   éléments  concrets exposés dans le cœur du rapport. Nous ne pouvons que   constater  qu’elles relèvent de l’arbitraire et du préjugé.
 
 Appliquer de  telles recommandations ne mènerait qu’à tenir à  l’écart  des cigarettes  électroniques une proportion importante des  fumeurs.  Ainsi que le  signale le professeur J-F Etter, ces  recommandations  "n‘ont pas de base  scientifique sérieuse" et elles  "risquent de priver  inutilement des  millions de fumeurs d’une chance  de sortir de leur  dépendance".
 
 Nous    faisons appel à la responsabilité de la classe politique pour bien    réfléchir aux conséquences sur la santé de ces fumeurs quand elle sera    appelée à légiférer sur la base de ces recommandations."