| 18 Septembre 2019
 Selon un nouveau rapport de l’OMS, les écarts peuvent être réduits au cours d’un seul mandat gouvernemental
Selon un nouveau rapport de l’OMS, les écarts peuvent être réduits au cours d’un seul mandat gouvernemental
 Le  tout premier Rapport de situation sur l’équité en santé de l’OMS révèle  que, dans bon nombre des 53 États membres de la Région européenne de  l’OMS, les inégalités de santé restent les mêmes, ou se sont aggravées  malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour y remédier. Le  rapport recense cinq principaux facteurs de risque empêchant de  nombreux enfants, adolescents, femmes et hommes d’être en bonne santé et  de mener une vie sûre dans des conditions décentes.
 
 «Pour la première fois, le Rapport de situation sur l’équité en santé  fournit aux gouvernements les données et les outils dont ils ont besoin  pour s’attaquer aux inégalités de santé et produire des résultats  visibles dans un laps de temps relativement court, même pendant les  quatre années de mandat d’un gouvernement national», explique le  docteur Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe.
 
 L’éventail de politiques décrites dans le rapport stimule à la fois le  développement durable et la croissance économique. Selon le rapport, les  avantages financiers engrangés par les pays à la suite d’une réduction  de 50 % des inégalités représenteraient 0,3 à 4,3 % du produit intérieur  brut (PIB).
 
 Quelle est l’ampleur de la fracture sanitaire dans la Région européenne ?
 Les principales conclusions sur la situation et les tendances actuelles  en matière de santé en Europe mettent en évidence une importante  fracture sanitaire.
 
 Le Rapport de situation sur l’équité en santé met également en avant les  groupes nouveaux et émergents susceptibles de sombrer dans les  inégalités de santé. Il s’agit, par exemple, des jeunes qui quittent  prématurément l’école, et sont dès lors plus vulnérables aux problèmes  de santé mentale et à la pauvreté en raison de l’insécurité du marché du  travail et de l’exposition accrue à de fréquentes périodes de chômage.
 
 Les personnes atteintes d’affections limitant leurs activités  quotidiennes sont représentées de façon disproportionnée dans les 20 %  de la population les moins nantis. Les affections limitant la vie  diminuent la capacité des personnes à rester sur le marché du travail,  et augmentent leur risque de pauvreté et d’exclusion sociale. Ce déficit  massif de potentiel humain a un impact sur la viabilité budgétaire des  pays en raison de la baisse des rentrées fiscales, du coût des pensions  ainsi que de l’augmentation des dépenses de la sécurité sociale.
 
 Nouvelles données probantes sur les causes de cette fracture sanitaire
 Les chercheurs ont ventilé les données afin d’étudier les causes des  inégalités de santé dans la Région européenne. Ils ont recensé cinq  facteurs essentiels et attribué à chacun d’eux un pourcentage reflétant  leur contribution au fardeau global des inégalités.
Environ  35 % des inégalités de santé résultent du fait «de ne pas pouvoir  joindre les deux bouts». Il s’agit notamment de personnes employées à  temps plein qui ont régulièrement du mal à se procurer les biens et  services de base nécessaires pour mener une vie décente et indépendante  en toute dignité – les «travailleurs pauvres».
Ce  facteur porte sur des problèmes tels que l’inaccessibilité financière  ou l’indisponibilité des logements décents, le manque de nourriture  ainsi que le manque de combustible pour chauffer les habitations ou  faire la cuisine. À ces problèmes s’ajoutent également ceux des  quartiers peu sécuritaires et de la violence domestique, des logements  surpeuplés, humides et insalubres, et des quartiers pollués. Ce facteur  représente 29 % des inégalités de santé.
Ces  facteurs, qui concourent à 19 % des inégalités de santé, font référence  au sentiment d’isolement, au faible niveau de confiance en autrui et à  l’impression de n’avoir personne à qui demander de l’aide, ainsi qu’au  sentiment d’être moins capable d’influencer la politique et de changer  les choses pour le mieux. On mentionnera également la violence à l’égard  des femmes, le manque de participation à l’éducation et l’absence  d’apprentissage permanent.
L’incapacité  des systèmes de santé à assurer l’accès universel à des services de  qualité ainsi que le niveau élevé des paiements directs à la charge des  patients sont responsables de 10 % des inégalités de santé. Les  paiements directs pour les soins de santé peuvent contraindre les  patients à choisir entre le recours aux services de santé essentiels et  la satisfaction d’autres besoins fondamentaux.
L’incapacité  de participer pleinement au marché du travail porte atteinte à la  qualité de la vie quotidienne et aux chances de réussite à plus long  terme, et représente 7 % des inégalités de santé. La qualité de l’emploi  est tout aussi importante, car les emplois précaires ou temporaires et  les mauvaises conditions de travail ont un effet tout aussi négatif sur  la santé.
 
 Pour la première fois, le Rapport de situation sur l’équité en santé  rend compte de l’impact des politiques adoptées au cours de ces 10 à  15 dernières années en vue de contrer ces risques. Il permet de  constater que les pays de la Région européenne n’agissent pas assez sur  de nombreux facteurs critiques à l’origine des inégalités de santé. Par  exemple, alors que 29 % des inégalités de santé sont le résultat de  conditions de vie précaires, 53 % des pays de la Région ont désinvesti  dans le logement et les services communautaires au cours de ces  15 dernières années.
 
 «Ce rapport explique comment nous pouvons réaliser l’équité en santé et  apporter des changements positifs dans la vie de tous les habitants de  notre Région. Grâce à cet effort, nous pouvons atteindre les objectifs  de développement durable, en particulier l’objectif n° 10 sur la  réduction des inégalités – le seul objectif pour lequel aucune  amélioration n’est observée dans notre Région», déclare le  docteur Jakab.
 
 Le rapport complet et son résumé sont disponibles en ligne à l’adresse suivante :
 • http://www.euro.who.int/en/HealthEquityStatusReport2019