| 05 Mars 2013
 Après  avoir incité les automobilistes à choisir le diesel pendant des années,  le gouvernement a découvert le mois dernier que cela n’était pas sans  risque pour la santé ! Les médecins de l’Association Santé Environnement  France se réjouissent d’être enfin entendus, mais appellent à ce que ça  ne soit pas les consommateurs qui mettent encore une fois la main au  portefeuille, alors qu’ils n’y sont pour rien ou presque... Retour sur  un débat sanitaire compliqué.
Après  avoir incité les automobilistes à choisir le diesel pendant des années,  le gouvernement a découvert le mois dernier que cela n’était pas sans  risque pour la santé ! Les médecins de l’Association Santé Environnement  France se réjouissent d’être enfin entendus, mais appellent à ce que ça  ne soit pas les consommateurs qui mettent encore une fois la main au  portefeuille, alors qu’ils n’y sont pour rien ou presque... Retour sur  un débat sanitaire compliqué.
C’est grave docteur ? Le  diesel émet une grande quantité de particules fines, aussi appelées  microparticules ou PM, particulièrement toxiques pour l’homme. Etant  particulièrement petites, elles pénètrent profondément dans l’organisme  jusqu’à atteindre certains organes comme les poumons ou le cœur. Selon  le ministère de l'Ecologie, elles seraient à elles-seules à l'origine de  42 000 décès prématurés chaque année en France ! « Asthme,  allergies, toux chroniques, mais aussi évènements cardio-vasculaires  voire cancers sont autant de pathologies liées aux microparticules » explique le Dr Pierre Souvet, Président de l’Association Santé Environnement France.
 
A qui la faute ? «  Depuis une trentaine d’années, la France a décidé de favoriser les  véhicules diesel, car ses entreprises automobiles étaient les  championnes de cette technologie. Malheureusement, le diesel émet plus  de particules fines, toxiques pour la santé, et nous le savons depuis le  début ! Le problème c’est qu’aujourd’hui, on frôle l’asphyxie.... La  semaine dernière, de nombreuses régions de France ont connu des pics de  pollution aux particules fines, et si le diesel n’est pas le seul  responsable, il n’y est pas non plus complètement étranger.... » affirme le Dr Patrice Halimi, Secrétaire Général de l’Association Santé  Environnement France. En effet, les microparticules ne sont pas émises  que par les diesels, loin de là ! Celles que l’on nomme les PM10 et  PM2,5, qui ont respectivement un diamètre inférieur à 10 et à 2,5  micromètres, seraient émises à près de 20% par le trafic automobile et à  30% environ par les cheminées à foyer ouvert. Les activités  industrielles, telles que les cimenteries ou encore les incinérateurs,  ainsi que les exploitations agricoles utilisant beaucoup d’engrais, sont  également productrices... Mais, attention, il ne faut pas non plus  oublier que ces polluants ne sont pas forcément respirés là où ils sont  produits ! En Ile-de-France, on estime que près de deux tiers de la  concentration annuelle en PM2,5 résultent d’une production locale. Mais  le tiers restant emporté au gré du vent viendrait d’autres régions  françaises ou européennes..
Que peut-on faire ? Le diesel à  tout prix a visiblement atteint ses limites... En effet, en plus du  coût humain évident, la France pourrait être condamnée à payer des  pénalités financières à l’Union Européenne pour non-respect des normes  concernant les PM10. La législation, entrée en vigueur en 2005, oblige  les pays de l’Union à ne pas dépasser certaines valeurs limites.  Pourtant, en 2011, on observait que 16 villes françaises, dont Paris,  Marseille ou encore Grenoble, ne respectaient toujours pas la loi... La  Commission Européenne avait alors décidé de poursuivre la France en  justice et si rien n’est fait d’ici 2014, l’hexagone s’expose à une  amende d’au moins 11 millions d’euros et à des astreintes journalières  d’au moins 240 000 euros par jour, et ce, jusqu'à ce que la qualité de  l'air soit respectée ! L’année 2014 pourrait coûter près de 100 millions  d’euros aux Français ! La somme pourrait en effet être financée par un  alignement du prix du diesel sur celui de l'essence... Selon la Cour des  comptes, cela rapporterait 7 milliards d’euros au budget de l’État... «  La France préférera  payer plutôt que d’assainir son air? J’ose croire  que non ! Au lieu de payer des pénalités à l’Europe et de taxer les  conducteurs pourquoi ne pas investir dans la recherche pour des moteurs  plus verts, mais aussi pour développer des transports en commun urbain  efficace permettant de faire préférer le bus à la voiture ? J’aimerais  que ça ne soit pas le consommateur qui paye encore une fois les erreurs  de nos brillantes élites.... » souffle le Dr Patrice Halimi.  
L'Association  Santé Environnement France, qui rassemble aujourd'hui près de 2 500  médecins en France, est devenue incontournable sur les questions de  santé-environnement. Elle travaille sur tous les sujets en lien avec la  santé et l'environnement : qualité de l'air, ondes électromagnétiques,  biodiversité, alimentation, pollution de l’eau, etc. Dans sa démarche  d'information, l'ASEF publie des petits guides bio-thématiques à  télécharger gratuitement sur son site Internet www.asef-asso.fr