| 06 Avril 2018
Comment  passer de la recherche fondamentale à la production à l’échelle  industrielle de cellules souches humaines à usage thérapeutique ?
 Les recommandations de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie des technologies Dans  un rapport commun, les deux académies dressent l’état de l’art de  l’utilisation des cellules souches en thérapie humaine. Elles y  détaillent les changements majeurs à effectuer pour passer des travaux  de laboratoire à l’étape industrielle en se pliant aux dispositions  réglementaires européennes et françaises. Enfin elles formulent des  recommandations pour permettre à la France de mieux participer aux  développements en cours dans ce domaine actuellement en plein essor au  plan international. L’augmentation  spectaculaire des résultats obtenus dans l’utilisation des cellules  souches en thérapie humaine permet de penser qu’il est dès maintenant  possible d’utiliser ces cellules pour traiter en nombre des patients  atteints de maladies non ou imparfaitement curables à ce jour, telles  que l’infarctus du myocarde, la dégénérescence maculaire, les arthroses  et les ulcères cutanés par des mécanismes de régénération des tissus  lésés alors que, jusqu’à présent, seules les greffes de cellules souches  de la moelle osseuse étaient utilisées dans le traitement des leucémies  et des maladies génétiques. La  production de cellules souches pour le traitement des maladies  humaines, initiée dans les laboratoires de recherche, est en voie d’être  reprise par l’industrie pharmaceutique dont l’objectif est de  développer ces thérapies nouvelles classées en Europe sous la  désignation générique de «médicaments de thérapie innovante» ou MTI,  après s’être assuré de l’absence d’effets néfastes, de l’homogénéité  et la reproductibilité des préparations, de leur production en quantité  suffisante et d’un coût raisonnable. Ce  changement de paradigme implique un changement d’échelle considérable  des procédés de production des cellules et de leur préparation afin de  les rendre identiques à ceux utilisés pour les médicaments disponibles  sur le marché.  Les  développements en cours concernent essentiellement les cellules  mésenchymateuses et les cellules pluripotentes induites (iPS) à titre  allogénique. Les cellules embryonnaires font l’objet de travaux  fondamentaux sur le développement de l’embryon, mais sont peu impliquées  dans les essais thérapeutiques du fait des limitations imposées par les  lois de bioéthique. La mise à jour en cours de ces lois devrait  permettre  d’élargir leur utilisation.  Les académies recommandent de faciliter aux industriels l’accès aux matières premières permettant de fabriquer des MTI,  en permettant à l’Établissement français du sang et aux banques de sang  de cordon de leur fournir les cellules nécessaires à la fabrication  d’un MTI ou encore en facilitant l’importation et l’exportation des  cellules et des matières premières biologiques nécessaires à la  production de MTI en respectant les règles de traçabilité. En matière de prévention des risques, les  académies recommandent de rendre obligatoire la publication sur un site  dédié de tous les résultats d’essais thérapeutiques et des incidents  éventuels survenus, y compris les essais qui n’ont pas abouti à des résultats positifs. Ce  rapport fait également le point sur les conditions réglementaires  exigées en Europe et en France et alerte sur la nécessité de ne pas  soumettre les projets développés sur le sol national à un niveau  d’exigence supérieur à celui des autres pays européens. Afin d’aider la création de start-ups pour la production industrielle de cellules souches, les  académies recommandent de favoriser le développement de plates-formes  pour apporter l’aide nécessaire en matière d’industrialisation aux  petites structures de production, de renforcer la formation aux  technologies correspondantes dans le cadre universitaire ou d’Écoles  d’ingénieurs et de créer les conditions financières permettant aux sociétés d’aller  jusqu’aux phases III des études cliniques pour permettre l’émergence de  nouveaux groupes pharmaceutiques spécialisés dans cet axe de la médecine  régénératrice.