La Société Française de Dermatologie se mobilise pour encadrer le champ d’application de l’intelligence artificielle en dermatologie
				
							
								
					
				
							
								
					
				
					
						
		| 16 Octobre 2022
Le  développement d’outils d’intelligence artificielle (IA) de plus en plus  performants pour la reconnaissance d’images cliniques et l’aide au  diagnostic suscite de l’intérêt mais aussi des inquiétudes liées à leur  accessibilité par le grand public.
Le  développement d’outils d’intelligence artificielle (IA) de plus en plus  performants pour la reconnaissance d’images cliniques et l’aide au  diagnostic suscite de l’intérêt mais aussi des inquiétudes liées à leur  accessibilité par le grand public.
Paris, le 21 septembre 2022. La société Française de Dermatologie (SFD), à l’initiative de son Groupe Télédermatologie et e-santé (Teldes) et avec la participation du Groupe de réflexion éthique (GéD), a mené une réflexion sur les risques éthiques liés au développement des applications dermatologiques de l’IA et propose la mise en œuvre de moyens pour s’en prémunir.
 Les  performances de l’IA en matière d’analyse d’images cliniques permettent  la création d’outils diagnostiques. Leur atout est d’améliorer la  fiabilité du diagnostic dermatologique et de faciliter l’accès de la  population à cette expertise. Ce progrès doit être encadré afin d’en  éviter les dérives et le mésusage.  Les risques liés à l’utilisation de l’IA pour la reconnaissance d’images cliniques en dermatologie Le 1er risque est l’absence d’accompagnement humain et médical lorsque le/la patient(e) est confronté(e) à un diagnostic potentiellement grave, « grain de beauté à risque élevé de mélanome »  par exemple, suscitant chez lui/elle angoisse et/ou détresse alors que  l’IA n’est pas en mesure de répondre à ses interrogations. Cette situation va à l’encontre du dispositif mis en place en 2006 par la HAS, la « consultation d’annonce », temps d’échanges et d’explications sur la maladie et son traitement entre patient(e) et professionnel de santé. Le 2ème risque est la réduction de l’analyse clinique des lésions cutanées à celle de leur image photographique,  en dehors de tout contexte clinique. L’interrogatoire et l’examen  clinique de TOUTE la peau sont en effet indispensables et indissociables  du diagnostic de la lésion dermatologique. En outre l’examen de toute la peau permet de ne pas méconnaitre d’autres lésions qui sont potentiellement plus significative que la lésion « choisie » pour l’analyse en IA. Le 3ème risque est l’absence d’explication concernant la démarche d’apprentissage profond de l’IA suscite un questionnement sur le fonctionnement des algorithmes et  la nécessité de leur réévaluation périodique. A ceci, se greffent des  problèmes de reproductibilité, d’équité et de traçabilité. L’absence  d’explication des prédictions des systèmes d’IA va à l’encontre du droit  à l’information et met en danger l’autonomie décisionnelle et le  consentement éclairé.  Enfin, l’IA pose le problème de la responsabilité médicale. En effet, qui endosse la responsabilité du diagnostic en cas de recours direct par le patient à un outil d’IA ? Et qu’en est-il de l’intervention d’un médecin dont la décision se fonde sur le résultat de l’IA ?  La Commission Européenne réfléchit à une proposition de règlement sur  cette question de la responsabilité. La captation des données  personnelles et médicales d’un(e) patient(e) par un tiers non-médecin  interroge aussi. La  Société Française de Dermatologie propose des mesures pour  l’accompagnement et l’encadrement de l’IA pour la reconnaissance des  images cliniques en dermatologie L’IA doit rester « un outil »,  ses usages doivent être interrogés et le sens clinique – notamment la  capacité à formuler une hypothèse diagnostique – ne doit pas être  complètement abandonné à la machine.  L’usage de l’IA par le patient seul présente des risques. Une des missions de la SFD est de minimiser ces risques. Au vu des produits commercialisés, la SFD et le groupe Teldes tiennent à rappeler que l’accompagnement humain par un professionnel de santé est essentiel. Ils  sollicitent les autorités de santé afin que le cadre réglementaire  d’utilisation de l’IA soit clarifié, et que certaines pratiques non  souhaitables soient régulées. La SFD souhaite promouvoir l’usage de l’IA par les médecins généralistes en premiers recours. Cela permettrait d’améliorer le parcours de soin coordonné des patients :  limitation du recours à l’avis spécialisé si cela n’est pas nécessaire  ou au contraire, avis rapide auprès d’un dermatologue si suspicion de  mélanome, par exemple. Le dermatologue lui-même pourrait aussi utiliser  l’IA dans le dépistage des cancers cutanés. Par ailleurs, la SFD propose une nouvelle organisation des réseaux de soins où les outils d’IA pourraient intégrer des outils de e-santé notamment  de téléexpertise ou télésurveillance, éventuellement désynchronisés de  la consultation médicale. Pour le dépistage des cancers cutanés, un(e)  infirmièr(e) en pratique avancée utilisant l’IA pourrait ainsi réaliser  l’examen de dépistage et assurer une action de prévention et une  coordination avec le dermatologue en cas de lésion suspecte. Dans cette perspective, la SFD et le Teldes ont la volonté de déployer un comité de surveillance pour concevoir et réaliser la formation des dermatologues, des médecins  généralistes et professionnels de santé aux pratiques de l’IA en  dermatologie et exercer une surveillance des sites et applications  utilisant l’IA pour éviter toute dérive. Parallèlement, la SFD insiste sur la nécessité de mener une campagne de sensibilisation afin d’informer le grand public sur les limites de l’IA en dermatologie. A propos de la Société Française de Dermatologie et de pathologie sexuellement transmissible, SFD Association reconnue d’utilité publique depuis 1895, la  Société Savante a pour mission la promotion des actions de santé  publique, de prévention et d’éducation dans tous les domaines de la  dermatologie que ce soit à travers le soutien de la recherche médicale,  le développement de la formation continue ou l’évaluation des soins. Pour  amplifier son soutien à la Recherche, le Fonds de dotation de la SFD  permet par ailleurs de subventionner des projets de recherche chaque  année, dans des domaines très divers comme la génétique, les médicaments innovants et l’amélioration de la qualité de vie des patients atteints de maladies dermatologiques. La SFD a aussi pour objectif d’informer le grand public sur la dermatologie, ses maladies et leurs traitements en particulier. La SFD est administrée par un Conseil d’Administration comprenant des dermatologues libéraux, hospitaliers et hospitalo-universitaires, renouvelés par tiers chaque annéee.






