Violence à l’encontre des femmes : un « problème mondial de santé publique d’ampleur épidémique » selon un rapport de l’OMS
 
				
							
								
					 
				
							
								
					 
				
					
						
		| 20 Juin 2013
 De nouvelles lignes directrices cliniques et stratégiques publiées pour orienter l’action du secteur de la santé
De nouvelles lignes directrices cliniques et stratégiques publiées pour orienter l’action du secteur de la santé 
GENÈVE 20 juin 2013 – La violence physique ou sexuelle est un problème de santé publique  qui touche plus d’un tiers des femmes dans le monde, selon un nouveau  rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé en partenariat  avec la London School of Hygiene & Tropical Medicine et le Conseil  sud-africain de la Recherche médicale.
 
Le rapport, intitulé Estimations  mondiales et régionales de la violence à l’encontre des femmes :  prévalence et conséquences sur la santé de la violence du partenaire  intime et de la violence sexuelle exercée par d’autres que le partenaire (seul le résumé d’orientation existe en français), est la première  étude systématique jamais menée à partir de données mondiales sur la  prévalence de la violence à l’encontre des femmes, que celle-ci soit le  fait du partenaire ou d’autres personnes. Il apparaît que 35 % environ  des femmes subiront de tels actes. L’étude relève également que la  violence du partenaire intime est la forme la plus courante et touche  30 % des femmes à l’échelle mondiale.
 
Le rapport souligne que tous les secteurs doivent collaborer pour  éliminer toute tolérance à l’égard de la violence contre les femmes et  mieux soutenir celles qui en sont victimes. De nouvelles lignes  directrices de l’OMS, officiellement présentées en même temps que le  rapport, visent à soutenir les pays désireux d’améliorer les moyens  alloués au secteur de la santé dans ce domaine.
 
Impact sur la santé physique et mentale 
 
Le rapport présente de façon détaillée les conséquences de la violence  sur la santé physique et mentale des femmes et des jeunes filles :  fractures, complications de la grossesse, problèmes mentaux,  détérioration du fonctionnement social, par exemple.
 « Les résultats de cette étude envoient un message fort : la violence à  l’encontre des femmes est un problème mondial de santé publique  d’ampleur épidémique », a déclaré le Dr Margaret Chan, Directeur général  de l’OMS. « Nous constatons également que les systèmes de santé du  monde peuvent et doivent en faire plus pour les femmes victimes de  violences. »
 
S’agissant des conséquences sur la santé de la violence du partenaire  intime, les principales conclusions du rapport sont les suivantes :
 
- Décès et traumatismes – L’étude a montré qu’à l’échelle mondiale, 38 % des femmes assassinées l’ont été par leur partenaire intime, et 42 % des femmes qui ont connu des violences physiques ou sexuelles d’un partenaire ont souffert de blessures.
- Dépression – La violence contribue dans une large mesure aux problèmes de santé mentale des femmes : la probabilité de connaître la dépression est presque deux fois plus élevée chez celles qui ont subi des violences de leur partenaire intime, par rapport aux femmes qui n’ont connu aucune forme de violence.
- Problèmes de consommation d’alcool – Les femmes qui subissent des violences de leur partenaire intime sont presque deux fois plus susceptibles que les autres femmes de connaître de tels problèmes.
- Infections sexuellement transmissibles – La probabilité de contracter la syphilis, la chlamydiose ou la gonorrhée est 1,5 fois plus élevée chez les femmes qui subissent des violences physiques et/ou sexuelles de leur partenaire. Dans certaines régions (dont l’Afrique subsaharienne), elles ont 1,5 fois plus de risques de contracter le VIH.
- Grossesse non désirée et avortement – La violence du partenaire et la violence sexuelle exercée par d’autres que le partenaire sont corrélées à la grossesse non désirée ; le rapport montre que la probabilité de se faire avorter est deux fois plus élevée chez les femmes qui connaissent des violences physiques et/ou des violences de leur partenaire sexuel.
- Nourrissons de faible poids de naissance – La probabilité d’avoir un enfant de faible poids de naissance est majorée de 16 % chez les femmes qui subissent des violences de leur partenaire.
 
 « Ces nouvelles données montrent que la violence à l’encontre des femmes  est très courante. Nous devons investir d’urgence dans la prévention  afin d’agir sur les causes de ce problème mondial pour la santé des  femmes », a déclaré Charlotte Watts de la London School of Hygiene &  Tropical Medicine.
 
Améliorer la notification et accorder plus d’attention à la prévention : une nécessité
 La crainte de la stigmatisation empêche nombre de femmes de signaler les  actes de violence sexuelle commis par d’autres que le partenaire.  D’autres obstacles encore entravent la collecte de données : ainsi, les  pays qui recueillent ces informations sont moins nombreux que ceux qui  le font pour la violence du partenaire intime, et les études menées sur  ce type de violences utilisent bien souvent des méthodes d’évaluation  moins perfectionnées que celles employées pour suivre la violence du  partenaire intime.
 
« Cette étude met en lumière le manque de données sur les actes de  violence sexuelle commis par d’autres que le partenaire, y compris là où  sévissent les conflits », a déclaré le Dr Naeemah Abrahams du Conseil  sud-africain de la Recherche médicale. « Il faut que davantage de pays  mesurent la violence sexuelle et utilisent les meilleurs instruments  d’enquête disponibles. »
 En dépit de ces obstacles, l’étude a révélé que 7,2 % des femmes dans le  monde ont signalé des violences sexuelles exercées par d’autres que le  partenaire. Du fait de ces actes, elles avaient une probabilité 2,3 fois  plus élevée de souffrir de troubles liés à la consommation d’alcool, et  2,6 fois plus élevée de connaître la dépression ou l’anxiété – des  chiffres légèrement plus hauts que chez les femmes victimes de violences  de partenaires intimes.
 Le rapport appelle à un renforcement massif des efforts mondiaux en vue  de prévenir toutes les formes de violence à l’encontre des femmes en  agissant sur les facteurs sociaux et culturels sous-jacents.
 
Recommandations pour le secteur de la santé
 Le rapport souligne également combien il est urgent d’améliorer les  soins prodigués aux femmes victimes de violences. Celles-ci consultent  souvent, sans nécessairement dévoiler les causes de leurs blessures ou  pathologies.
 
« Le rapport montre que la violence accroît fortement la vulnérabilité  des femmes face à toute une série de problèmes de santé à court et à  long terme ; il souligne que le secteur de la santé doit prendre plus  sérieusement en considération la violence à l’encontre des femmes », a  déclaré le Dr Claudia Garcia-Moreno de l’OMS. « Bien souvent, le  problème vient du fait que les agents de santé ne savent tout simplement  pas comment réagir. »
 
Les nouvelles lignes directrices cliniques et stratégiques publiées  aujourd’hui par l’OMS visent à combler ce manque de connaissances. Elles  relèvent qu’il est important de former les agents de santé de toutes  les catégories à reconnaître quand les femmes sont exposées à la  violence du partenaire et à leur apporter une réponse adaptée.
 
Les lignes directrices notent également que certains contextes de soins  (services prénatals et dépistage du VIH, par exemple) pourraient être  favorables pour fournir une aide aux survivants de la violence, à partir  du moment où certaines exigences minimales sont satisfaites :
- les prestataires de soins doivent être formés à poser des questions sur la violence ;
- des modes opératoires normalisés doivent être en place ;
- la consultation doit se dérouler dans un cadre privé ;
- la confidentialité doit être garantie ;
- un système d’orientation doit être en place afin que les femmes puissent accéder aux services connexes ;
- en cas d’agression sexuelle, il faut que les lieux de soins soient en mesure d’apporter aux femmes la réponse complète dont elles ont besoin – c’est-à-dire, de traiter les conséquences sur la santé physique aussi bien que mentale.
Les  auteurs du rapport soulignent qu’il est important d’utiliser ces lignes  directrices pour intégrer les questions de violence dans la formation  initiale des médecins et des infirmiers et dans la formation en cours  d’emploi.
 Fin juin, l’OMS commencera à travailler avec des pays d’Asie du Sud-Est  en vue de mettre en œuvre les nouvelles recommandations. L’Organisation  œuvrera en partenariat avec les ministères de la santé, des  organisations non gouvernementales (ONG) et les institutions sœurs du  système des Nations Unies en vue de diffuser les lignes directrices et  d’encourager leur adaptation et leur utilisation.
 
Le rapport et les lignes directrices sont disponibles en anglais dans leur version intégrale à l’adresse http://www.who.int/reproductivehealth/publications/violence/en/index.html.
 
 À propos du rapport
 Le rapport a été établi par l’Organisation mondiale de la Santé, la  London School of Hygiene & Tropical Medicine et le Conseil  sud-africain de la Recherche médicale. Il s’agit de la première analyse  et synthèse systématiques de données scientifiques sur la prévalence de  deux formes de violence à l’encontre des femmes : la violence exercée  par le partenaire intime et la violence sexuelle exercée par d’autres.  Le document donne, pour la première fois, des estimations mondiales et  régionales agrégées de la prévalence de chacune d’elles, calculées en  utilisant des données de population du monde entier qui ont été  compilées de manière systématique. Le rapport décrit les conséquences de  la violence sur la santé physique, mentale, sexuelle et génésique des  femmes. Pour ce faire, les auteurs se sont fondés sur des examens  systématiques des données concernant la relation entre les différentes  formes de violence considérées et certaines issues sanitaires.
 
Données régionales
 Le rapport présente les données par Régions de l'OMS.*
 Concernant la violence du partenaire intime (catégorie pour laquelle le  plus de données étaient disponibles), les Régions les plus touchées  étaient les suivantes :
- Asie du Sud-Est – prévalence de 37,7 %. Sur la base de données agrégées du Bangladesh, du Timor-Leste (Timor oriental), de l’Inde, du Myanmar, du Sri Lanka et de la Thaïlande.
- Méditerranée orientale – prévalence de 37 %. Sur la base de données agrégées de l’Égypte, de l’Iran, de l’Iraq, de la Jordanie et de la Palestine.
- Afrique – prévalence de 36,6 %. Sur la base de données agrégées des pays suivants : Afrique du Sud, Botswana, Cameroun, Éthiopie, Kenya, Lesotho, Libéria, Malawi, Mozambique, Namibie, Ouganda, Rwanda, Swaziland, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Zambie, Zimbabwe.
Pour  les données combinées sur la violence du partenaire intime, la violence  sexuelle exercée par d’autres que le partenaire et ces deux phénomènes  conjugués, les taux de prévalence étaient les suivants chez les femmes  de 15 ans et plus :
- Afrique – 45,6 %
- Amériques – 36,1 %
- Méditerranée orientale – 36,4 %* (aucune donnée n’était disponible dans cette Région pour la violence sexuelle exercée par d'autres que le partenaire)
- Europe – 27,2 %
- Asie du Sud-Est – 40,2 %
- Pacifique occidental – 27,9 %
- Pays à revenu élevé – 32,7 %
*Région africaine de l’OMS : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso,  Burundi, Cameroun, Cap-Vert, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Érythrée,  Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée équatoriale,  Guinée-Bissau, Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali,  Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Ouganda,  République centrafricaine, République démocratique du Congo,  République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal,  Seychelles, Sierra Leone, Swaziland, Tchad, Togo, Zambie, Zimbabwe.
 
Région OMS des Amériques : Antigua-et-Barbuda,  Argentine, Bahamas, Barbade, Belize, Bolivie (État plurinational de),  Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Dominique, El  Salvador, Équateur, États‑Unis d’Amérique, Grenade, Guatemala, Guyana,  Haïti, Honduras, Jamaïque, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou,  République dominicaine, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis,  Saint-Vincent-et-les Grenadines, Suriname, Trinité-et-Tobago, Uruguay,  Venezuela (République bolivarienne du).
 
Région OMS de la Méditerranée orientale : Afghanistan,  Arabie saoudite, Bahreïn, Djibouti, Égypte, Émirats arabes unis, Iran  (République islamique d’), Iraq, Jordanie, Koweït, Somalie, Soudan du  Sud, Liban, Libye, Maroc, Oman, Pakistan, Qatar, République arabe  syrienne, Soudan, Tunisie, Yémen.
 
Région européenne de l’OMS : Albanie, Allemagne,  Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Bélarus, Belgique,  Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne,  Estonie, ex-République yougoslave de Macédoine, Fédération de Russie,  Finlande, France, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Israël,  Italie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte,  Monaco, Monténégro, Norvège, Ouzbékistan, Pays-Bas, Pologne, Portugal,  République de Moldova, République tchèque, Roumanie, Royaume‑Uni,  Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Tadjikistan,  Turkménistan, Turquie, Ukraine.
 
Région OMS de l’Asie du Sud-Est : Bangladesh, Bhoutan,  Inde, Indonésie, Maldives, Myanmar, Népal, République populaire  démocratique de Corée, Sri Lanka, Thaïlande, Timor-Leste.
 
Région OMS du Pacifique occidental : Australie, Brunéi Darussalam, Cambodge, Chine, Fidji, Îles Cook, Îles Marshall, Îles Salomon, Japon, Kiribati, Malaisie, Micronésie (États fédérés de), Mongolie, Nauru, Nioué, Nouvelle-Zélande, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Philippines, République de Corée, République démocratique populaire lao, Samoa, Singapour, Tonga, Tuvalu, Vanuatu, Viet Nam.






