| 05 Février 2013
 En Espagne, la fourniture de méthadone dans le cadre du traitement de  maintien de la dépendance à l'héroïne, combinée à la distribution de  matériel d'injection stérile et à l'accès au traitement du SIDA, a  généré un fléchissement de l'épidémie du VIH dans le pays, selon une  étude publiée ce mois-ci dans le Bulletin de l'Organisation mondiale de la Santé.
En Espagne, la fourniture de méthadone dans le cadre du traitement de  maintien de la dépendance à l'héroïne, combinée à la distribution de  matériel d'injection stérile et à l'accès au traitement du SIDA, a  généré un fléchissement de l'épidémie du VIH dans le pays, selon une  étude publiée ce mois-ci dans le Bulletin de l'Organisation mondiale de la Santé.
 
 L'expérience espagnole dans ce domaine est intéressante pour d'autres  pays où l'injection de drogues illicites représente un problème courant,  comme en Europe de l'Est et centrale, ainsi qu’en Asie méridionale et  orientale.
 
 Dans les années 1980, l'Espagne avait l'une des réglementations les plus  strictes du monde en matière de traitement de la dépendance à l'héroïne  et, en parallèle, le taux le plus élevé d'Europe de nouvelles  infections par le VIH parmi les personnes s'injectant des drogues  illicites. Au début des années 1990, la prévalence du VIH dans ce groupe  atteignait 60%.
 
 À l'époque, le seul traitement disponible pour la dépendance à l'héroïne  en Espagne reposait sur l'abstinence, mais la plupart des patients  rechutaient et continuaient à s'injecter des drogues. Cela a changé avec  l’adoption de deux lois, en 1990 et en 1996, qui ont rendu la méthadone  et des médicaments similaires largement disponibles sur ordonnance dans  les centres de santé publique de toutes les régions du pays, de façon  gratuite pour les patients présentant un diagnostic de dépendance à  l'héroïne.
 
 L'étude a révélé que, du fait de ces lois et de la façon dont le  programme national espagnol a été repensé, 60% des personnes qui  s'injectaient des drogues illicites dans le pays bénéficiaient d'un  traitement de maintien à la méthadone en 2010, contre 21% en 1996, et  que, grâce à ces changements dans la législation et d'autres initiatives  de prévention du VIH, le nombre de nouvelles infections par le VIH  parmi les consommateurs de drogues s'est effondré, passant d'une moyenne  annuelle de 6 200 au début des années 1990 à 690 nouvelles infections  en 2010.
 
 «L'Espagne a remporté ce succès en levant les restrictions inutiles  liées à l'administration de méthadone aux personnes dépendantes à  l'héroïne, en ne limitant pas la dose ni la durée du traitement et en  permettant aux patients appropriés d'emporter quelques doses chez eux»,  explique l'auteur et chercheur principal, Marta Torrens, chef du  programme de toxicomanie à l'Institut de neuropsychiatrie et de  toxicomanie Mar Health Park de Barcelone.
 
 «Certains programmes de traitement de la toxicomanie privent les  personnes de traitement dès les premiers signes de comportement  difficile, mais le programme de méthadone espagnol met tout en œuvre  pour garder les patients sous traitement le plus longtemps possible»  dit-elle.
 
 «Chaque jour, les patients reçoivent une dose quotidienne de médicament,  habituellement de la méthadone, ainsi que tout autre soin de santé dont  ils peuvent avoir besoin, tels que des antirétroviraux pour l'infection  par le VIH», déclare Mme Torrens qui ajoute que cette approche,  conforme aux lignes directrices de l'OMS sur le traitement de la  dépendance aux opiacés, permettait de maintenir plus de 72% des patients  sous traitement après la première année.
 
 La méthadone, qui est habituellement ingérée sous forme de sirop,  produit des niveaux stables d'opiacés dans le sang des patients au cours  des 24 heures séparant chaque dose. Résultat : les patients ne  souffrent ni d'intoxication ni de manque. Au fil du temps et avec des  doses adéquates, la méthadone bloque l'effet de l'héroïne et, de ce  fait, les patients finissent par cesser de l'utiliser. Moins d'héroïne  implique moins de seringues souillées, moins de VIH, d'hépatite et  d'autres infections, moins d'overdoses et moins de criminalité. Le  traitement à la méthadone aide les patients à reconstruire les relations  brisées avec leurs familles et à se réinsérer dans la société.
 
 «La perception publique de ce traitement est positive en Espagne, où 66%  de la population est en faveur du traitement à la méthadone», explique  Mme Torrens qui ajoute: «Les gouvernements sont actuellement sous une  pression financière énorme en raison de la crise économique, mais le  message que nous leur adressons est le suivant: voyez cette preuve  solide et préservez le financement de ces programmes».
 
 La méthadone n'est pas chère, selon la base de données de l'OMS relative  au traitement de substitution aux opiacés et à la morphine, qui montre  que le traitement peut ne coûter que 28 dollars par an et par patient. http://www.who.int/entity/hiv/amds/ControlledMedicineDatabase.xls
 
 «La prévalence du VIH s'élevait à 60% chez les consommateurs de drogues  injectables en Espagne voilà 20 ans. Comme il y a une grande possibilité  de transmission du VIH des consommateurs de drogues injectables à la  population générale, le contrôle du VIH chez les consommateurs de  drogues injectables est essentiel pour lutter contre le VIH dans la  population générale», explique le Dr Nico Clark, de l'unité de lutte  contre la toxicomanie de l'OMS. «En procurant ce type de traitement, les  autorités sanitaires préviennent les décès liés à la drogue et aident  les patients à se réinsérer dans la société, mais elles empêchent aussi  la propagation du VIH à la population générale.»
 
 L'étude fait partie d'une série d'articles dans le numéro de ce mois du Bulletin de l'Organisation mondiale de la Santé, consacré au thème du traitement de substitution aux opiacés.
 
 Lisez l'article ici: http://dx.doi.org/10.2471/BLT.12.111054
 
 Également dans le numéro de ce mois:
- Thérapie de maintien à la méthadone chez les consommateurs de drogues injectables séropositifs, en Chine http://dx.doi.org/10.2471/BLT.12.108944
- Examen systématique: taux de mortalité des consommateurs de drogues injectables 15 fois plus élevé que dans la population générale http://dx.doi.org/10.2471/BLT.12.108282
- La base de données de l'OMS permet de comparer le coût de la méthadone http://dx.doi.org/10.2471/BLT.13.010213
- Le traitement de la dépendance aux opiacés en Ukraine risque de perdre son élan http://dx.doi.org/10.2471/BLT.13.020213
- Un nouveau traitement donne de l'espoir aux consommateurs de drogues injectables d'Afrique orientale http://dx.doi.org/10.2471/BLT.13.030213
- Entretien: la légalisation est-elle une option politique pour les gouvernements? http://dx.doi.org/10.2471/BLT.13.040213
- Programme malaisien de méthadone dans les prisons http://dx.doi.org/10.2471/BLT.12.109132
- Les avantages et les inconvénients du traitement obligatoire de la toxicomanie http://dx.doi.org/10.2471/BLT.12.108860
 
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 Le sommaire de ce mois peut être trouvé à l'adresse suivante: http://www.who.int/bulletin/volumes/91/2
 
 Le contenu complet de la revue, depuis 1948, est accessible gratuitement  aux lecteurs du monde entier par le biais de PubMed Central, disponible  à l'adresse suivante: http://www.pubmedcentral.nih.gov/tocrender.fcgi?journal=522&action=archive









