alt L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a constaté depuis mai 2017 une augmentation du nombre des signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés au dispositif intra-utérin au lévonorgestrel Mirena. Plus de 2 700 déclarations ont notamment été enregistrées entre le 15 mai et le 4 août 2017, dont 870 faisant mention de symptômes d’anxiété.

Si les effets indésirables déclarés font déjà l’objet pour la plupart d’une information dans la notice destinée aux patientes, l’ANSM est néanmoins attentive à cette augmentation des déclarations et à l’apparition de nouveaux signaux dont l’anxiété. Dans ce cadre, elle a entrepris une enquête de pharmacovigilance sur les deux dispositifs intra-utérins hormonaux contenant du lévonorgestrel (Mire na et Jaydess) disponibles en France.

Les premiers résultats de cette enquête ont été présentés au Comité technique de pharmacovigilance (CTPV) du 10 octobre dernier. Au regard de ces résultats, l’ANSM va poursuivre la surveillance de ces médicaments et lancer, en complément, une étude de pharmaco-épidémiologie pour étudier la fréquence de survenue de certains effets indésirables.

Par ailleurs, les effets indésirables d’ordre psychiatrique des dispositifs intra-utérins contenant du lévonorgestrel, (dont l’anxiété), constatés dans différents pays européens, ont été évalués au sein de l’Agence Européenne du Médicament (EMA). L’EMA a conclu en novembre 2017, qu’il n’y avait pas suffisamment de données pour établir un lien direct entre l’apparition de ces effets indésirables, notam ment l’anxiété, et ces dispositifs intra-utérins.

L’ANSM rappelle que les patientes doivent être informées des bénéfices et des potentiels effets indésirables de Mirena et de Jaydess par leur médecin au moment du choix de la contraception et de la pose du DIU. L’Agence souhaite renforcer l’information adressée aux patientes par la mise à disposition avant la fin de l’année d’un document d’information spécifique.

Les données françaises de pharmacovigilance

Les premiers résultats de l’enquête de pharmacovigilance, présentés le 10 octobre dernier à l’occasion du CTPV, révèlent, concernant Jaydess , que seules 67 déclarations d’effets indésirables ont été reçues depuis le début de sa commercialisation en 2014 en France (29 avant le 15 mai 2017 et 38 après cette date). Concernant Mirena , depuis sa commercialisation en 1997 et jusqu’au 15 mai 2017, 510 cas dont 272 cas graves ont été rapportés. Après le 15 mai 2017 et jusqu’au 4 août 2017, 2 714 cas dont 1 789 rapportés comme graves par les femmes, c’est-à-dire déclarés comme ayant des conséquences sur leur vie familiale, professionnelle ou sociale, ont été signalés majoritairement via le portail des signalements du ministère de la santé . La plupart des déclarations reçues après le 15 mai 2017 fait état d’effets indésirables déjà connus et précisés dans la notice d’information destinée aux femmes, comme par exemple les céphalées, la dépression, la perte de cheveux, l’acné, les douleurs abdominales, la diminution de la libido, les bouffées de chaleur et la prise de poids.

L’enquête de pharmacovigilance a permis également d’identifier des effets qui devront être mentionnés dans la notice destinée aux patientes (asthénie, séborrhée). Elle a également mis en évidence d’autres signaux nécessitant des investigations complémentaires (via la poursuite de l’enquête de pharmacovigilance) comme l’arthralgie (douleur au niveau des articulations), l’érythème noueux (inflammation du tissu graisseux sous-cutané), le psoriasis et l’hypertension intracrânienne (HTIC). Pour l’HTIC, une évaluation sera menée ultérieurement au niveau européen.

Concernant plus particulièrement l’anxiété, très peu de cas avaient été signalés avant mi-mai 2017. Les cas d’anxiété ont en effet massivement été rapportés après le 15 mai 2017 : plus de 900 cas ont été signalés au total, dont 870 après le 15 mai 2017. En parallèle de l’analyse des cas de pharmacovigilance, une étude a été réalisée sur les données de l’Assurance maladie[1] pour comparer les fréquences de survenue de certains effets indésirables entre les porteuses de DIU au lévonorgestrel et de DIU au cuivre. Elle révèle un risque faible mais augmenté de mise sous anxiolytiques chez les femmes porteuses de Mirena comparativement aux porteuses de DIU au cuivre.

L’évaluation européenne

Les résultats de l’enquête nationale relatifs aux effets de type «anxiété» ont été transmis à l’Agence européenne des médicaments (EMA) dans le cadre de l’évaluation des effets indésirables psychiatriques débutée en janvier 2017. Concernant l’anxiété, l’EMA considère qu’il n’y a pas, à ce stade, suffisamment de données pour établir une association entre l’utilisation d’un DIU contenant du lévonorgestrel avec une anxiété isolée, une attaque de panique, des troubles du sommeil ou une agitation. Les troubles de l’humeur ont été considérés comme liés à la dépression ou à l’humeur dépressive, déjà mentionnés dans les documents destinés aux professionnels de santé (RCP) et aux femmes (notice).

Les cas d’arthralgies ont également été évalués par l’EMA qui a considéré que les données de vigilance n’étaient à ce stade pas suffisantes pour modifier les informations figurant dans ces documents.

Les titulaires d’Autorisation de mise sur le marché des DIU contenant du lévonorgestrel devront continuer à suivre ces évènements en accord avec la réglementation en vigueur.

L’information des femmes renforcée en France

Une connaissance par les femmes des effets indésirables pouvant être liés à Mirena est indispensable.

Il est important qu’elles aient connaissance que Mirena est un médicament et qu’elles doivent signaler à leur médecin être porteuses de ce DIU lors de la survenue d’effets indésirables.

Les effets indésirables susceptibles de survenir sous Mirena sont inscrits dans la notice du médicament qui doit être remise par le médecin ou la sage-femme lors de la pose du DIU. Les notices sont également accessibles sur la base de données publique du médicament .

L’ANSM élabore actuellement un document d’information à destination des femmes, en collaboration étroite avec l’association «SVH ASSO stérilet vigilance hormones», afin de renforcer l’information des femmes qui choisiraient ce type de contraception.

Mirena et Jaydess sont des dispositifs intra-utérins (DIU) hormonaux, médicaments utilisés soit pour éviter une grossesse, soit pour traiter des règles trop abondantes sans cause identifiable (ménorragies fonctionnelles). Ces DIU sont insérés dans la cavité utérine où ils agissent en libérant un progestatif, le lévonorgestrel, pendant une durée de 5 ans pour Mirena et de 3 ans pour Jaydess. Cette hormone est utilisée également dans un certain nombre de pilules contraceptives.

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[1] Données de l’échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB)

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