altDans les pays d’Europe de l’Est et d’Asie Centrale, améliorer l’accès aux soins et la prévention des usagers de drogues par voie intraveineuse réduirait considérablement l’importance des épidémies du VIH et de l’hépatite C chez cette population. La mise en place de ces stratégies d’intervention pourrait également être bénéfique à l’échelle de la population générale des pays concernés. C’est ce que démontrent les résultats d’une étude menée par Guillaume Mabileau sous la direction du Pr Yazdan Yazdanpanah (IAME, Unité mixte de recherche U1137 Inserm/Université Paris-Diderot/Université Paris Nord, Paris, France), avec le soutien de l’ANRS (France REcherche Nord & sud Sida-hiv Hépatites). Ils sont présentés en communication orale lors du Congrès de l’Association européenne pour l’étude du foie (EASL), qui se tient à Barcelone (Espagne) du 13 au 17 avril 2016.

L’Europe de l’Est et l’Asie Centrale sont deux régions où les épidémies liées au VIH et à l’hépatite C (VHC) sont particulièrement actives, principalement parmi les usagers de drogues par voie intraveineuse (UDVI). Souvent discriminés, voire criminalisés, ces derniers ont un accès limité aux soins et à la prévention. Peu de programmes de santé publique ciblent cette population pourtant très à risque d’être infectée et les programmes de substitution aux opioïdes touchent une infime minorité des UDVI (entre 0,1% et 5% selon les pays).

L’équipe dirigée par le Pr Yazdan Yazdanpanah (IAME, Unité mixte de recherche U1137 Inserm/Université Paris-Diderot/Université Paris Nord, Paris, France), en partenariat avec des équipes de ces pays et des équipes d’ONUSIDA, et avec le soutien de l’ANRS (France REcherche Nord & sud Sida-hiv Hépatites), a cherché à déterminer quel serait l’impact, en termes de santé publique, du développement de programmes d’intervention ciblant les UDVI dans cinq pays (Biélorussie, Géorgie, Kazakhstan, Moldavie, Tadjikistan). Bien que différents, ces cinq pays sont représentatifs de cette région en termes de géographie, de contextes épidémiques et de politique de santé publique. Ces résultats sont présentés lors du Congrès de l’Association européenne pour l’étude du foie (EASL), qui se tient à Barcelone (Espagne) du 13 au 17 avril 2016.

A partir des données de la littérature internationale et des bases de données de ces cinq pays, les chercheurs ont évalué par modélisation mathématique l’efficacité, le coût et le rapport coût-efficacité d’une amélioration de la couverture en soins et en prévention de la population des UDVI et l’impact de ces mesures sur la population générale. Les différentes interventions évaluées comprenaient : les échanges de seringues, le traitement de substitution aux opioïdes, le dépistage du VIH et du VHC, le traitement antirétroviral contre le VIH et le traitement antiviral à action directe contre le VHC. L’évaluation a porté sur une durée théorique de 20 ans (de 2013 à 2033).

Les résultats présentés par Guillaume Mabileau montrent que le développement de l’ensemble de ces interventions permettrait de réduire de façon importante la prévalence du VIH et du VHC parmi cette population dans les 5 pays étudiés. Ainsi chez les UDVI, l’estimation de la diminution de la prévalence sur 20 ans serait comprise, selon les pays, entre 36% et 99% pour le VHC et entre 50% et 83% pour le VIH.

Ces interventions contre le VHC et le VIH seraient coût-efficace dans la majorité des pays : le ratio coût-efficacité serait inférieur à 3 fois le produit intérieur brut (PIB) par habitant. Elles le seraient encore plus si le prix des antiviraux à action directe contre le VHC était abaissé à 900$ par traitement : le ratio coût-efficacité serait alors inférieur à une fois le PIB par habitant dans les 5 pays.

Pour le Pr Yazdanpanah, ces résultats sont «des indicateurs forts en faveur d’une amélioration de la prévention et de la prise en charge des usagers de drogues en Europe de l’Est et en Asie Centrale. Pour des coûts relativement peu élevés, des programmes d’intervention ciblés auraient un impact important sur la prévalence du VHC et du VIH non seulement parmi les usagers de drogues mais également à l’échelle de l’ensemble des populations. Le bénéfice de tels programmes serait donc global.»

Cette étude de modélisation, première du genre réalisée pour l’Europe de l’Est et l’Asie Centrale, plaide ainsi en faveur d’une profonde révision des politiques de santé publique des pays de cette région vis-à-vis d’une population très vulnérable à l’infection par le VIH et le VHC.

Source

INTERVENTIONS AGAINST HCV & HIV INFECTIONS AMONG PEOPLE WHO INJECT DRUGS (PWID) IN EASTERN EUROPE & CENTRAL ASIA: A MODELING AND COST-EFFECTIVENESS STUDY

Guillaume Mabileau* 1, Ivan Konorazov2, Maia Tsereteli3, Alla Yelizaryeva4, Svetlana Popovici5, Karimov Saifuddin6, Elena Losina7, Manoela Manova8, Vinay Saldanha8, Jean-Elie Malkin9, Yazdan Yazdanpanah1

1INSERM, IAME, U1137, PARIS, France, 2Ministry of Health of Belarus, Minsk, Belarus, 3Department of HIV/AIDS, Hepatitis, STI & TB, National Center for Disease Control and Public Health, Tbilisi, Georgia, 4Republican Center for AIDS prevention and control, Almaty, Kazakhstan, 5Hospital of Dermatology and Communicable Diseases, Chisinau, Moldova, Republic of, 6National AIDS Control center, Ministry of health and social protection, Dushanbe, Tajikistan, 7Harvard Medical School, Boston, United States, 8UNAIDS Regional Office for Europe and Central Asia, Moscow, Russia, 9Global Alliance for Health and Social Compact, Taunton, United Kingdom

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